Suis-je le seul ?
N'y a-t-il donc que moi qui sois pris dans cette spirale infernale ?
Cela fait maintenant plusieurs mois que pour gagner mon bon PS Store (5 € en plus, je n'ai même pas l'excuse de l'ambition) je joue à des jeux auxquels je n'aurais peut-être même pas touché sans cette petite carotte numérique.
Pour faire la promotion du PS Plus et des dernières sorties, We Are Playstation m'a fait tomber dans le piège. Je joue à des jeux auxquels je ne veux pas jouer pour avoir la satisfaction d'acheter moins chers des jeux auxquels je n'ai plus le temps de jouer, de la même façon que nous passons nos journées au travail au lieu de profiter de la vie et de nos proches, tout ça pour nous acheter tout un tas de choses dont nous n'avons ni besoin ni réellement envie finalement.
Et pour jouer à quoi ? Stranded Deep, où je n’ai de cesse de me faire martyriser par une nature qui ne veut manifestement de moi ni dans ses eaux, ni sur ses plages.
Dès mon premier jour, du sable dans mes chaussures de ville, cravate Hermès en lambeaux et flemme de ramer en bandoulière, je me jette bêtement à l’eau pour gagner l’île d’en face. La veille je découvrais dans une vidéo YouTube sur les "Pokemon de la vraie vie" l’existence du requin lutin. Quelle ne fut pas ma (désagréable) surprise de tomber nez-à-museau avec un spécimen alors que j’approchais du but. Au moment de mourir pour la première fois, je vis ma vie défiler devant mes yeux et me rappelai cette soirée où, regardant le (dispensable) film La Vengeance d’une blonde, je devais découvrir une araignée gambadant sur le tapis de mes parents juste après qu’un scorpion, lointain cousin de la susnommée, soit apparu à l’écran non loin de Marie-Anne Chazel prenant son bain. La répétition de ces moments où la fiction rejoint la réalité me fait me promettre de ne pas louer le dernier Godzilla car je n’ai pas fini de payer ma maison.
Après ce premier échec cuisant, je décide de faire la traversée au sec dans mon canot de sauvetage. C’est au prix d’harassants efforts, et tanné par un soleil mordant, que j’atteins enfin ma destination...où je croise le regard d’un phacochère, que le jeu décide d’appeler d’un trompeur "cochon". Trompeur car il n’y aura pas de jambon au menu ce soir et que la bête, aux intentions pour le moins belliqueuses, tient plus du Razorback de Russell Mulcahy que de Babe, le cochon devenu berger. Tabassé sans pitié par Porcinet, je passe l’arme à gauche et, tandis que de 1 je deviens 0, je vois l’animal s’éloigner de ma dépouille sans plus lui accorder le moindre intérêt. Mon décès est totalement vain, une IA tue pour tuer, pas pour manger.
Retour à la case départ. Tel l’anomalie systémique de la Matrice je réapparais sans cesse, à ceci près que je ne connais pas le kung-fu, ce qui m’aurait pourtant bien aidé. De retour sur cette plage qui m’a vu mourir, j’esquive adroitement mon dernier bourreau et part en quête de quelque ressource utile, mais suis bien vite interrompu par un autre indigène. Un énorme crabe se dirige vers mois. Je ne suis pas zoologiste, ni crabologue, mais j’ai l’intime conviction que les tourteaux ne foncent pas ainsi sur les gens, encore moins un homme adulte qu’ils aperçoivent à cinquante mètre de distance. Celui-là le fait pourtant, et avec la détermination d’un missile Scud après qu’un Marine m’aurait collé une balise laser dans le dos. L’impact est imminent, le combat inévitable, l’issue attendue.
Nouvel essai, je passe à nouveau sous le radar de Pumba et espère parvenir à faire de même avec Sébastien. Echec. Je fuis et lui échappe sans peine car je cours bien plus vite en dépit de mon déficit en membres inférieurs. Mais l’île, comme toutes celles dont j’ai foulé le sol jusqu’alors, est ronde. Je retombe sur mon agresseur, mais est-ce bien lui ou un de ses congénères ? Je n’ose me retourner. Je suis en présence du crabe de Shrödinger, à la fois sous mes yeux et dans mon dos. Tant que je ne ferai pas volte-face, je ne pourrai en avoir le cœur net...à moins qu’un coup de pince en traître ne vienne confirmer mes soupçons. Je suis sur le point de devenir fou, et allergique au surimi. Je suis piégé dans cet enfer beige. La maison de poupée de La Quatrième dimension*, les coups de soleil en plus.
Si mes souvenirs sont bons, j’ai fini par me faire attaquer par le crabe ET le phacochère, association de gangsters passablement inattendue. Mais depuis tout va mieux, je me suis amélioré, ai survécu mes vingt jours et ai donc obtenu les deux trophées, j’attends la validation des challenges, tout va bien, vraiment. Je prends même du plaisir au jeu et vais sans doute le finir un jour. Là je me suis fabriqué un radeau bien spacieux, digne du Pacific Princess de La Croisière s’amuse.
Bon, il reste une semaine avant les challenges de juin, et si je finissais de platiner Moss ? Pour le plaisir cette fois.
*Comme beaucoup de gens, j’étais persuadé que c’était La Quatrième dimension, mais ça vient en fait de Hammer House of Mystery and Suspense (Histoires singulières chez nous).
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